Assemblée Départementale du 25 septembre 2006

Publié le par ADECR 06

INTERVENTION DE NOEL ALBIN AU NOM DU GROUPE COMMUNISTE

Monsieur le Président,
Chers Collègues,

En premier lieu, Monsieur le Président, chers collègues, permettez moi, au nom du groupe communiste, d’exprimer notre surprise sur la convocation de cette séance plénière de notre assemblée.
 
Comme vous vous en doutez ce n’est pas que nous nous désintéressions des jeunes et de leur avenir, mais à la lecture de votre rapport nous pensons que le «  Plan jeunes Avenir » que vous nous proposez, pouvait attendre sans conséquence la DM2 qui se tiendra tout prochainement.
 
Force est de constater, que l’approche d’échéances électorales n’est sans doute pas étrangère à la méthode retenue, surtout lorsque votre chef de parti annonce à grand renfort de publicité qu’il faut s’occuper des jeunes. Objectif tout à fait louable si ce que vous nous proposez, s’inscrivait dans un véritable engagement de l’Etat dans les domaines de l’éducation, de la formation, de la santé, de l’emploi … ce qui malheureusement est loin d’être le cas et si ça ne visait pas à tenter de récupérer un électorat de moins en moins enclin à se contenter de semblant de solutions.
 
Au-delà de cette question de forme liée à de la stratégie électoraliste, j’en viens maintenant au fond.

Tout d’abord, je tiens à souligner que le « Plan Jeunes Avenir 06 » que vous nous présentez ne constitue qu’un rattrapage très partiel et nettement insuffisant du retard accumulé depuis longtemps dans notre département par vos majorités successives, pour répondre aux attentes de notre jeunesse.

Un retard aujourd’hui aggravé par la politique décidée nationalement. D’ailleurs, les résultats des diverses enquêtes menées auprès de la population jeune par le Comité Régional de Tourisme Riviera-Côte d’Azur, en attestent. Ils font ressortir l’image peu flatteuse que les jeunes ont de notre département.

Ensuite, si certains dispositifs peuvent sembler de prime abord sympathiques et répondre à quelques besoins, comme l’aide au permis de conduire, la mise en place de transports en commun nocturnes et le kit santé par exemple, le catalogue que vous nous proposez, ne saurait masquer les ravages de la politique libérale menée par le gouvernement auquel vous appartenez.

Du reste les jeunes ne s’y sont pas trompés. Ils ont massivement démontré, lors de leur lutte contre le C.P.E, qu’ils savaient très bien distinguer les vessies des lanternes et qu’ils étaient capables de se mobiliser pour refuser que la précarité devienne une règle.

Or, vous n’avez manifestement pas su tirer les enseignements de cette douloureuse expérience pour votre majorité et vous vous obstinez, en espérant que ce plan local en trompe-l’œil pourra satisfaire les besoins de nos jeunes concitoyens.

Trompe-l’œil à double égard puisqu’il s’agit d’abord de demander au Conseil Général de tenter de réparer avec quelques « rustines » le désengagement croissant de l’Etat et les trous béants que la politique de votre gouvernement creuse dans les perspectives d’avenir de notre jeunesse.

Précarité, recul inégalé de la protection sociale, de la couverture sanitaire, difficulté croissante à se loger à un coût acceptable, impossibilité d’avoir un projet de vie durable sont autant de situations vécues avec douleur par la population de notre pays et encore plus par les jeunes.

Quand déjà la majorité des étudiants sont obligés de recourir à des « petits boulots » pour arriver à suivre leur cursus même avec l’aide de leurs parents, on imagine aisément les difficultés que peuvent rencontrer la grande majorité des autres jeunes qui n’atteignent pas le niveau de l’université .Ce n’est pas la suppression de 7500 postes dans l’Education Nationale décidée par le gouvernement pour cette rentrée, qui va favoriser un meilleur accès à la formation et une meilleure insertion de tous ces jeunes.

Trompe-l’œil encore parce que l’ensemble de ces mesures s’inscrit dans une logique inégalitaire qui ne fera qu’accentuer les déséquilibres existants. La plupart d’entre elles s’inscrivent en effet dans une logique élitiste, en ne s’adressant qu’à une frange minime des jeunes, mettant de côté la plus grande partie d’entre eux, c'est-à-dire ceux qui sont aujourd’hui les plus en difficulté.

Nous avons déjà longuement débattu du problème aigu du logement dans notre département, en particulier des insuffisances en matière de logement social et nous répétons depuis déjà longtemps qu’il est grand temps d’apporter des réponses à la hauteur des besoins urgents dans ce domaine.

Dans ce contexte préoccupant, il faut vraiment être coupé de la réalité pour penser que l’aide à l’accession à la propriété, qui nécessite des moyens sans commune mesure avec ceux de la très grande majorité des jeunes, pourra régler le problème du logement ou bien qu’une aide ponctuelle à la location pourra répondre aux exigences des bailleurs privés qui imposent des ressources égales à au moins trois fois le montant du loyer et des garanties que bien des familles ne sont pas en mesure de donner.

Concernant la mobilité pourquoi se limiter à encourager cette mobilité uniquement vers l’étranger ou bien encore réserver la gratuité des transports aux seuls étudiants. Cette dernière proposition laisse au bord de la route tous ces jeunes qui, n’étant plus scolarisés, sont à la recherche d’un emploi ou d’une formation.

Dans le domaine de l’encouragement à obtenir de bons résultats. Très bien ! Mais alors pourquoi ne s’adresser qu’aux diplômés de niveau licence et laisser de côté ceux qui suivent des orientations de type CAP ou BEP; Seraient-ils moins méritants que les autres , alors que vous évoquez le besoin de faire découvrir les métiers du Conseil Général, en mettant l’accent sur « l’ouverture des grands chantiers de travaux publics aux jeunes en formation » ou bien encore en pointant que « les entreprises ont de très importants besoins de main d’œuvre et rencontrent des difficultés pour recruter, notamment des personnes jeunes ». A moins que le Conseil Général ne se transforme en rabatteur de main d’œuvre jeune à bon marché pour les entreprises du BTP.

Enfin, pour ne reprendre que quelques uns des secteurs ciblés, pourquoi une mesure discriminatoire qui exclue de la possibilité de bénéficier d’un prêt tous les étudiants qui ne seraient pas de nationalité française ou originaires d’un pays de l’Union Européenne .Vous vantez les vertus de la « méritocratie », doit-on en déduire qu’elle serait à géométrie variable en fonction de l’origine des étudiants ou de celle de leur famille ?

Oui, Monsieur le Président, nous voyons dans ce plan jeune, un subterfuge pour tenter de masquer les effets nocifs de la politique libérale et le désengagement de l’Etat . Un désengagement qui dans le domaine qui nous intéresse aujourd’hui, vient encore de s’aggraver avec l’annonce toute récente d’une réduction sans précèdent des moyens attribués par la CAF aux collectivités locales pour conduire les actions en direction de l’enfance et de la jeunesse. Désengagement qu’aucune commune ne sera en mesure de compenser et quand bien même elles le pourraient ce ne serait pas leur rôle.

Aussi, nous pensons que la jeunesse de notre département ne saurait se satisfaire de ces quelques interventions, qui quelque soit l’intérêt ponctuel de certaines d’entre elles, ne sauraient créer la rupture avec la situation actuelle qui provoque une insécurité sociale grandissante pour notre jeunesse.

Les jeunes ne veulent pas et n’ont pas besoin de soins palliatifs ni de faux semblant, ils ont besoin et veulent pouvoir assurer et assumer leur avenir.

Ce projet ne répond pas à cet objectif et d’ailleurs comment le pourrait-il avec la politique menée par votre gouvernement à l’égard des jeunes. Vous comprendrez dès lors que nous nous abstiendrons de cautionner votre démarche.

Publié dans Conseil général

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